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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

Grouchy’s Waterloo : the Battles of Ligny and Wavre, d’Andrew Field


Dans la foulée de Waterloo : the French Perspective, d’Andrew Field, je me suis lancé dans le troisième ouvrage de cet auteur britannique sur la campagne de Belgique de 1815. Grouchy’s Waterloo : the Battles of Ligny and Wavre porte, comme son nom l’indique, sur d’autres phases de l’offensive déclenchée par Napoléon. Emmanuel de Grouchy, nommé maréchal de France durant les Cent-Jours, est désigné depuis deux siècles comme le responsable de la défaite française à Waterloo. Depuis deux cent ans, l’historiographie, l’iconographie et la filmographie dépeignent sous toutes les coutures son refus de « marcher au son du canon » ou ses fameuses fraises. De Victor Hugo à Napoléon en passant par Astérix, Grouchy est celui dont l’absence a mené au désastre du 18 juin. De son côté, Grouchy, au mieux accusé d’incompétence, au pire de traîtrise, n’a cessé de se défendre, n’hésitant pas à recourir à la mauvaise foi pour se couvrir (et affaiblissant ainsi sa propre position). Pour Andrew Field, il s’agit, dans la droite ligne de ses précédents ouvrages, de narrer et analyser la campagne de 1815 du point de vue français. La tâche est difficile tant les arguments et contre-arguments se succèdent dans ces controverses impliquant vétérans de la campagne ou historiens.

 

Grouchy’s Waterloo redonne vie à l’aile droite de l’Armée du Nord, souvent injustement oubliée. A l’instar de ces précédents ouvrages, l’écriture fluide d’Andrew Field alterne judicieusement (dans un anglais largement abordable) narration et extraits de lettres et mémoires. Un ordre de bataille décrit régiment par régiment la composition des forces en présence. Il est dommage que les cartes au milieu du livre soient étalées sur deux pages : cela nuit à leur clarté. Le plan général est identique aux autres livres : une partie finale spécifiquement dédiée aux analyses et conclusions tactiques succède au récit proprement dit des opérations. Celles-ci possèdent la double particularité de voir Grouchy et ses troupes n’affronter que les Prussiens tout en restant invaincus. Du franchissement de la frontière aux affrontements de Ligny et Wavre (avant la retraite, objet d’un quatrième et dernier ouvrage, Waterloo, Rout and Retreat : the French Perspective), ces 30000 soldats français restent victorieux. Le 16 juin à Ligny, Napoléon remporte sa dernière victoire face à l’armée prussienne avant de se tourner contre les troupes anglo-alliées de Wellington. Envoyé le 17 juin reconnaître le flanc droit de l’Armée du Nord tout en devinant les intentions des Prussiens, Grouchy affronte victorieusement contre un corps prussien à Wavre les 18 et 19 juin (et offre ainsi à notre connaissance une bataille méconnue dans l’histoire des opérations de 1815). Au loin, à l’ouest, une terrible canonnade se fait entendre. L’Empereur attaque Wellington à Mont Saint-Jean. Après la victoire de Grouchy à Wavre, le récit s’achève sur la nouvelle de la défaite de Waterloo et la description de la stupéfaction qui s’empare de Grouchy et de ses hommes. 

 

Quelles conclusions tire Andrew Field de ces épisodes de la campagne ? Il ne s’agit pas de les décrire en détail : la lecture de son livre renseignera tout lecteur intéressé. Quelques idées maîtresses se dégagent cependant : le rôle crucial du renseignement dans la prise de décision, le poids des interactions entre chefs et subordonnés dans les opérations, l’aspect psychologique qui en découle. L’auteur s’efforce de conserver un regard distancié. C’est un point sur lequel il revient à de nombreuses reprises dans tous ses ouvrages : il ne faut pas juger les décisions prises à l’aune de notre connaissance des événements. Selon Andrew Field, les responsabilités au sujet de l’absence de Grouchy à Waterloo sont partagées entre les différents chefs français. Au premier rang desquels se situe Napoléon. La démonstration est claire, percutante, nuancée. 

 

Janvier 2020.

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