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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

Waterloo, 18 Juin 1815 : Grouchy est-il responsable de la défaite? de Pascal Cyr

En lecture, il arrive également de battre le fer tant qu’il est encore chaud. La fin de la lecture de Grouch’ys Waterloo : the Battles of Ligny and Wavre, d’Andrew Field, était le bon moment pour entamer de ce petit fascicule Waterloo, 18 juin 1815 : Grouchy est-il responsable de la défaite ? L’auteur, Pascal Cyr, historien spécialiste du Consulat et de l’Empire, a notamment soutenu sa thèse de doctorat sur Waterloo (publié en 2011 sous le titre de Waterloo : Origines et Enjeux) et écrit un ouvrage sur la campagne de France de 1814. Publié par Lemme Edit au sein de la collection Illustoria (qui regroupe des ouvrages d’Histoire ancienne, médiévale, moderne ou contemporaine longs d’environ une centaine de pages), Waterloo : Grouchy est-il responsable de la défaite ? est le premier livre de Pascal Cyr que je lis.

 

Je retire de cette lecture un avis plutôt mitigé, que je nuancerai toutefois de plusieurs manières. La somme de livres que je lis sur Waterloo et la campagne de 1815 me rend plus exigeant et pointilleux sur ce sujet. Le format (une centaine de pages) contraint également à abréger et condenser. Il est difficile de développer sa pensée de manière aussi complète que dans un livre de 300 ou 400 pages. Ce livre s’adressera donc plutôt à un néophyte des Cent-Jours et de Waterloo. 

 

En effet, un bon tiers du livre est consacré aux Cent-Jours en général (retour de Napoléon, arrivée à Paris, difficultés politiques et financières, préparation de la guerre à venir) avant de s’attaquer à la campagne proprement dite. Cette première partie synthétise efficacement les événements, présente un tableau de l’armée impériale en juin 1815, puissante mais fragile. Grouchy est également présenté au lecteur, et figure à ce titre un exemple intéressant d’officier de l’Empire humilié par la Restauration. A noter un développement intéressant sur les finances aux abois de Napoléon qui souligne d’autant plus la nécessité d’une victoire sur Napoléon et explique sa prise de risques en prenant l’offensive. 

 

La suite de Waterloo : Grouchy est-il responsable de la défaite ? suit en une soixantaine de pages la chronologie des opérations : franchissement de la Sambre à Charleroi, Ligny, Quatre-Bras, Waterloo, Wavre, la retraite. Je rejoins Pascal Cyr sur ses analyses concernant la fragilité en termes de cohésion de l’armée. Soupçonnées de trahison par les échelons subalternes, les têtes de chaîne ne sont pas habituées à travailler ensembles et cela se ressent sur l’efficacité des chefs et de leurs troupes. Bien que fondée sur un plan d’opérations excellent sur le principe, la campagne fut plombée par un command and control déficient, voire lacunaire. C’est exactement ce qui se passe avec l’aile droite aux ordres de Grouchy qui reçoit tardivement ses ordres. Si Pascal Cyr juge sévèrement Napoléon pour avoir divisé son armée ne pas avoir lancé Grouchy à la poursuite des Prussiens dès la matinée du 17 juin, Andrew Field est beaucoup plus nuancé et convaincant lorsqu’il explique la problématique du renseignement à laquelle est confronté l’Empereur ce jour-là. Un point dans le livre résume très bien l’une des controverses entourant Waterloo. Je regrette d’ailleurs que les extraits et citations ne soient pas référencées dans des notes. Les documents sur Waterloo ont fait l’objet de manipulations et il est dommage de ne pas pouvoir en voir les sources. Ainsi au sujet du fameux message envoyé vers 14h00 (au début de la bataille donc) à Grouchy : « la bataille est gagnée » ou « la bataille est engagée » ? Les défenseurs de Grouchy, dont Pascal Cyr, argumentent en faveur de la première version (nul besoin de marcher au son du canon si la bataille est gagnée). Sans être détracteur de Grouchy, je penche pour ma part pour « la bataille est engagée ». En début d’après-midi, le déroulement des combats à Waterloo ne permettent pas à mon sens de statuer aussi tôt sur l’issue de la bataille. Faut-il tout prix absoudre Grouchy au détriment de Napoléon ? Si ce dernier, en tant que commandant en chef, est à mon sens le premier responsable de sa défaite, Grouchy n’est pas exempt d’erreurs.

 

En conclusion, Waterloo, 18 juin 1815 : Grouchy est-il responsable de la défaite ? est un livre fait pour une personne souhaitant une première approche de la campagne de 1815 (qui plus est en français pour les non-anglophones). Synthétique et efficace dans ses explications (il m’a fallu moins de vingt-quatre heures pour le terminer), il propose à la fois un déroulement des opérations et de courtes analyses de celles-ci. Le format (cent pages) est trop court pour traiter en profondeur le sujet, encore plus lorsqu’il se plonge dans les controverses et débats de Waterloo. Un lecteur ayant déjà avalé quelques livres sur la bataille sera déçu et aura l’occasion de froncer les sourcils à plusieurs reprises sur quelques points de détail. A titre de comparaison, là où Pascal Cyr a écrit une centaine de pages sur la campagne de Belgique, Andrew Field a publié quatre ouvrages de 300 pages, chacun consacré à une phase spécifique des opérations. Le traitement du sujet est sensiblement différent. Bien que ce livre m’ait laissé sur ma faim, je suis maintenant curieux d’approfondir les thèses de Pascal Cyr par la lecture de son autre ouvrage, Waterloo : Origines et Enjeux.

 

Janvier 2020.

 

 

 

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