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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

Waterloo, Four Days that Changed Europe’s Destiny, de Tim Clayton

Un ami me taquinait l’autre jour en évoquant un 34e livre sur Waterloo. Je n’ai jamais compté ma collection complète d’ouvrages sur le thème de cette bataille mais je m’approche très certainement de ce nombre. Waterloo, Four Days that Changed Europe’s Destiny, de Tim Clayton, porte non pas sur la seule bataille mais sur l’ensemble de la campagne, la plus courte qu’ait menée Napoléon. En 600 pages, cela reste un pavé de taille raisonnable pour aborder cette campagne. Ce livre n’offre pas de révélations spectaculaires sur les opérations menées en Belgique en juin 1815. Il est néanmoins intéressant de croiser les sources et les analyses sur une campagne dont plusieurs points sont depuis 200 ans l’objet de zones d’ombre ou de féroces controverses. 

Un livre sur Waterloo et la campagne me laisse toujours circonspect. Affrontement véritablement européen (impliquant des troupes françaises, britanniques, néerlandaises, belges, allemandes et prussiennes), le choc entre Napoléon, Wellington et Blücher cristallise rapidement les passions. Au génie napoléonien secondé par des subordonnés incapables est opposé le duc de fer, seul vainqueur de l’Empereur tandis que les Prussiens sont commodément oubliés. Les historiographies nationales brandissent leurs héros. Les acteurs eux-mêmes ont contribué à brouiller les cartes. Napoléon a passé son exil à Sainte-Hélène à accabler les autres (Grouchy et Ney en payent encore le prix). Au contraire, Wellington n’a laissé aucunes mémoires. Si Andrew Field a adopté une approche peu courante dans la littérature historique anglo-saxonne en se focalisant sur la perspective française de la bataille, Tim Clayton produit avec Waterloo, Four Days that Changed Europe’s Destiny un livre équilibré qui laisse la parole aux sources britanniques, françaises, prussiennes ou alliées (tout en reconnaissant que le point de vue anglo-allié prédomine légèrement par rapport aux autres). Wellington n’est pas mis sur un piédestal, Napoléon reste le chef de guerre talentueux qu’il est depuis des décennies sans que ses responsabilités ne soient négligées.

Le fil du récit est ensuite assez classique, s’articule de manière chronologique et s’appuie sur des cartes simples à lire. Le style est vivant, alterne entre le soldat pris dans la mêlée et la manœuvre de corps d’armée complets. Quelques aspects agaçants avec des coquilles sur certains mots français (« adjudant-majeur » au lieu de « major », etc). Tim Clayton intercale habilement des paragraphes pédagogiques sur l’équipement, les tactiques, les personnages qui rendent l’ouvrage accessible pour un non-spécialiste. La profondeur des analyses tactiques n’atteint pas celles d’Andrew Field mais Tim Clayton fait en 600 pages et un livre ce que son collège fait en 4 tomes et plus de 1300 pages. Waterloo, Four Days that Changed Europe’s Destiny intéressera un lecteur anglophone curieux d’un récit solide et clair de la campagne. Celle-ci, basée sur une brillante idée de manœuvre de Napoléon, échoua pour différentes raisons que décrit le livre. Bataille quasi-apocalyptique, Waterloo ne prend guère de sens prise isolément. Un tel ouvrage permet ainsi de se placer depuis un point de vue plus global tout en plaçant le contexte du dernier pari de Napoléon.

Mai 2020.
 

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