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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

La Première Guerre mondiale dans le Pacifique, de la colonisation à Pearl Harbor, de Maxime Reynaud

Verdun, le Chemin des Dames, la Somme. Dans la mémoire française de la Première Guerre mondiale, ces noms résonnent immédiatement. Plus lointain, Caporetto, Tannenberg, les Dardanelles évoquent également d’autres batailles. En revanche, encore plus lointain, Tsingtao, Coronel ou les Samoa sont des noms pour la plupart méconnus. Ils font pourtant intégralement partie de l’histoire de la Grande Guerre. A l’autre bout du monde, à des milliers de kilomètres des tranchées, des hommes se sont battus et sont morts. Ici réside tout l’intérêt de ce livre, la Première Guerre mondiale dans le Pacifique, de la colonisation à Pearl Harbor, de Maxime Reynaud : nous proposer une minutieuse synthèse des opérations menées dans l’océan Pacifique, rappelant ainsi que ce conflit fut véritablement mondial dès ses premiers jours.

Le terme « minutieux » caractérise sans mal ce remarquable ouvrage car Maxime Reynaud fait progresser pas à pas son lecteur. Tout d’abord, le décor, la colonisation allemande (associée à une minuscule présence austro-hongroise) dans le Pacifique, les acteurs stratégiques, les forces en présence. Car l’auteur ne se contente pas de narrer les opérations très diverses, mais courtes, (siège, batailles navales, opérations amphibies) qui constituent l’histoire de la Première Guerre mondiale dans le Pacifique. Il remet, de manière très claire, l’ensemble des faits en perspective et replace parfaitement comment ce théâtre d’opérations ce théâtre d’opérations dans un contexte plus global.

Cette vision globale s’accompagne d’un sens du détail qui rend l’ouvrage très plaisant à lire. Maxime Reynaud nous transporte dans ces multiples îles, dont l’éparpillement multiplie la diversité des situations. Il possède l’art de développer un fait, filer l’anecdote et sortir utilement de son cadre spatio-temporel, humanisant par ce moyen son récit (je songe ici à l’odyssée tropicale du capitaine allemand Detzner ou bien la défense opiniâtre mais inventive de Papeete par le lieutenant de vaisseau français Maxime Destremau). Le propos s’appuie sur un style agréable et clair. Mon grand regret provient du nombre important de coquilles relevées. Regret plus mineur : la distinction entre les différentes classes de navire ou les différents niveaux de commandement terrestres ne semblent pas toujours bien perçue par l’auteur, sans que cela n’entache la qualité de l’ouvrage.

Cela n’empêche pas la lecture d’être passionnante de bout en bout. Le Pacifique fut durant la Première Guerre mondiale un théâtre gigantesque mais mineur. Le bilan humain ne dépasse pas les 5000 morts, un nombre bien faible en comparaison de l’Europe. La Première Guerre mondiale dans le Pacifique, de la colonisation à Pearl Harbor, de Maxime Reynaud montre surtout en quoi les opérations menées et leur issue diplomatique (entérinée notamment à Versailles) façonnèrent la future Guerre du Pacifique, que ce soit sur le plan stratégique (montée en puissance du Japon) ou sur des aspects plus opérationnels (défense des îles, etc.). La conclusion est limpide : lorsque s’achève la Première Guerre mondiale, un nouveau décor est planté pour une prochaine guerre.

Décembre 2021

 

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