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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

Lucien Bonaparte, le prince républicain, de Cédric Lewandowski

Militant jacobin, président du Conseil des Cinq-Cents durant les heures cruciales de Brumaire, ministre de l’Intérieur la première année du Consulat, ambassadeur en Espagne, tribun, sénateur, prince romain de Casino. Du Directoire à son exil dans les Etats du Pape en passant par le Consulat tel l’Empire, Lucien cumula titres, honneurs et fonctions. Ne subsiste pourtant qu’un personnage resté à l’écart de l’aventure impériale napoléonienne. Il revient à Cédric Lewandowski, ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, occupant à ce titre durant cinq ans l’ancien bureau de Lucien à l’hôtel de Brienne, de rédiger cette biographie sur ce Bonaparte resté à l’ombre de son illustre frère. 

 

A l’inverse des autres membres de la fratrie, nulle couronne n’est venue coiffer la tête de Lucien Bonaparte. Au contraire, un ostracisme durablement entretenu. A deux reprises pourtant, l’homme se tient aux côtés de son aîné durant moments charnières de son parcours politique : le coup d’Etat de Brumaire et les Cent-Jours. Lucien Bonaparte apparaît comme un atout majeur pour son frère occupé à conquérir le pouvoir. Trop peut-être ? Deux parcours très différents, la volonté d’indépendance de Lucien, que ce soit sur le plan politique ou privé, mènent à une rupture entre les deux frères. Lucien coupe les ponts et s’exile en Italie. La lecture du livre laisse apparaître un sentiment de frustration. Et si plutôt que de collectionner œuvres d’art et se consacrer à l’écriture de poèmes, Lucien avait conservé sa place parmi les hautes sphères du pouvoir ? 

 

Ici réside le paradoxe de Lucien Bonaparte, un personnage brillant, trop semble-t-il pour pouvoir exprimer ses talents aux côtés de son frère. S’il met à jour ce paradoxe, Cédric Lewandowski se détache cependant difficilement d’un traitement du personnage souvent élargi aux autres Bonaparte. Ce qui nous ramène finalement à l’histoire de cette famille et la difficulté de ses membres à se détacher de l’ombrageuse tutelle napoléonienne. Cette biographie se lit heureusement très bien et constitue une bonne lecture. Indispensable ? Non, mais elle permet de se glisser aux côtés d’un homme sympathique, intelligent, père de famille aimant et redoutable politique. Le développement concernant les idées sur la république consulaire est intéressant mais aurait pu être approfondi, notamment le parallèle avec la conception gaullienne de l’Etat.

 

Intègre, républicain de conviction (sans que cela soit à l’époque synonyme de démocrate). Lucien Bonaparte détonne parmi ses frères et mérite que sa vie soit portée à la connaissance du grand public. Cette biographie ne s’imposera pas comme l’ouvrage définitif sur Lucien. Elle n’en est pas moins une lecture agréable et instructive. 

 

Décembre 2019.

 

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