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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

Red Commanders : a Social History of the Soviet Army Officer Corps (1918-1991), de Roger R. Reese

C’est en parcourant les rayons du Centre de Documentation de l’Ecole militaire que je suis tombé sur Red Commanders : a Social History of the Soviet Army Officer Corps (1918-1991), de Roger R. Reese. Pris actuellement dans des lectures de préparation concours, intrigué toutefois par l’angle d’approche de l’auteur, j’ai souhaité varier avec un livre « détente ».  L’étude de Roger R. Reese porte sur les officiers de l’armée soviétique tout au long de l’histoire de l’URSS. Tout au long du livre, l’auteur argumente en faveur de la thèse suivante : jamais le corps des officiers soviétiques n’a pu atteindre un degré de professionnalisme comparable aux armées occidentales.

En quoi cela-t-il pouvait m’intéresser ? Tout d’abord pour la réflexion développée par Roger R. Reese autour de la définition de professionnalisme militaire. Ce terme paraît aller de soi dans une armée française professionnalisée depuis 20 ans, il me paraissait intéressant d’approfondir cette définition avec Red Commanders. Une armée est le reflet de ses chefs et leur comportement ou leur expertise influent nécessairement sur celui des hommes de troupe. La plage chronologique permet de plus à l’étude d’aborder plusieurs contextes, de guerre ou de paix : la guerre civile russe, l’Entre-deux-guerres, la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide. Ces différents contextes permettent de se rendre compte des conséquences à court et long terme de ce faible niveau de professionnalisme de l’armée soviétique.

Les nécessités de la guerre civile russe mènent au recrutement massif dans l’Armée rouge d’anciens militaires tsaristes et aboutissent à un premier hiatus dans les relations civilo-militaires en URSS. Alors que l’antimilitarisme se rattache à l’essence du communisme, ce dernier fait appel à des militaires professionnels pour survivre. La méfiance vis-à-vis des militaires naît et aboutira à une spécificité soviétique : la mise en place d’une chaîne de commandement politique parallèle à une chaîne de commandement militaire. Les conséquences s’avèrent stupéfiantes pour qui connaît un peu le fonctionnement d’une armée occidentale professionnelle. Ainsi, au cours de l’Entre-deux-guerres, les officiers abandonnent aux commissaires politiques le maintien du moral des troupes et ne se focalisent que sur l’aspect technique et tactique de leur métier. Aucune formation au commandement n’est incluse dans leur cursus au sein des écoles militaires. Il ne s’agit que d’exemples mais qui illustrent bien les impasses auxquelles se confrontent les officiers soviétiques. Le prix à payer en 1941 sera lourd.

J’ai apprécié Red Commanders : a Social History of the Soviet Army Officer Corps (1918-1991), de Roger R. Reese. Partant d’un cas extrême (l’armée d’un Etat totalitaire), il irrigue et complète la réflexion sur la notion de professionnalisme militaire tout en apportant un éclairage sur l’outil militaire soviétique. J’en conviens : le sujet est pointu, tout comme son traitement (et le fait que l’ouvrage soit en anglais n’aide pas). Il n’est question de batailles que lorsque cela vient appuyer la démonstration de Roger R. Reese. Pour un lecteur francophone, Barbarossa, de Jean Lopez et Lasha Okthmezuri, donne un très bon aperçu de la question du corps des officiers soviétiques.

Mars 2021

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