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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

La Bataille de Malplaquet : d’après les correspondants du duc du Maine à l’armée de Flandre, de Maurice Sautai

Cet article a été enregistré en podcast : lien vers le podcast.

Le livre était sur mes étagères depuis l’été dernier après que j’en ai lu une alléchante présentation par Michaël Bourlet sur Twitter. Publié en 1904, la Bataille de Malplaquet : d’après les correspondants du duc du Maine à l’armée de Flandre est d’après tous les avis que j’ai pu recueillir la référence unanimement citée dans les sources d’ouvrages récemment parus. Son auteur se nomme Maurice Sautai, lieutenant au 24e Régiment d’Infanterie, détaché à la Section historique de l’Armée, spécialiste de la guerre sous Louis XIV. Saint-cyrien (promotion du Dahomey, 1889-1891), Maurice Sautai meurt au front en 1915. Encore sur Twitter, Michaël Bourlet fait une touchante présentation de ces officiers-historiens morts au combat, dont les travaux inachevés, figés par la déclaration de guerre, se trouvent désormais dans les cartons du Service historique de la Défense.

A travers son site Gallica, la Bibliothèque nationale de France nous offre l’inestimable occasion de nous plonger dans des œuvres du passé. Parmi ces dernières, la Bataille de Malplaquet : d’après les correspondants du duc du Maine à l’armée de Flandre est ainsi accessible en version numérisée. Pour ceux qui seraient comme moi rétifs à la lecture sur écran, un partenariat entre la BNF et Hachette Livre permet de récupérer des exemplaires en fac-similé des ouvrages disponibles sur Gallica. En comparaison de livres récemment publiés de taille équivalente, le prix est toutefois plus élevé. Pour ma part, j’apprécie beaucoup le fait de pouvoir accéder à des œuvres auxquelles je n’aurais pu accéder que par l’achat à prix prohibitifs de livres anciens.

Concernant le livre lui-même, il se découpe en trois grandes parties (le tout composant un ensemble long de 230 pages). La première est un résumé de la campagne de 1709. Bien écrite, elle synthétise efficacement en 80 pages les tenants et les aboutissants de la batailles de Malplaquet. La seconde partie est constituée des notices biographiques des auteurs des lettres placées en fin d’ouvrage. Parmi eux, le lecteur trouvera le chevalier Folard, fameux penseur des Lumières militaires, vétéran de Malplaquet. Officiers de l’armée française, tous ont en point commun de figurer parmi les correspondants du duc du Maine, le bâtard de Louis XIV. Ces récits, pour la majorité écrit à chaud, offrent différentes perspectives du combat, plus ou moins complètes selon la fonction et la place de l’auteur dans l’armée. Tout au long de son ouvrage, Maurice Sautai annote et commente ces lettres, les met en perspective avec d’autres témoignages de l’affrontement.

Malgré leurs différences, la dynamique générale de la bataille apparaît d’une lettre à une autre. Un officier général est unanimement décrié pour avoir offert une occasion à des généraux alliés de reconnaître les positions françaises en les invitant à discuter courtoisement. Villars manqua une opportunité d’infliger une défaite aux Alliés la veille de la bataille. Sa blessure sema la confusion dans les rangs français. Les deux ailes menèrent un affrontement différent. Le combat à Malplaquet fut acharné. En témoignent les lourdes pertes infligées aux Alliés par les Français. Malgré l’abandon par ces derniers du champ de bataille (une défaite selon les critères de l’époque), les troupes françaises ont tenu la dragée haute à une armée adverse commandée par des généraux talentueux : le prince Eugène et le duc de Marlborough. Vaincus sur le plan tactique, les Français sont victorieux stratégiquement : en effet, l’invasion alliée est stoppée en raison des pertes subies.

La Bataille de Malplaquet : d’après les correspondants du duc du Maine à l’armée de Flandre peut dérouter par sa forme, fruit d’une méthode historique différente de notre temps. C’est en cela que réside tout l’intérêt de l’ouvrage : à un fond riche et complet s’ajoute la découverte d’un travail historique tel qu’il était réalisé un siècle auparavant. Un tel livre s’adressera avant tout à un passionné de cette période, désireux de plonger dans d’autres sources. Pour le curieux intéressé par la bataille de Malplaquet, d’autres livres ou articles plus récents existent et offrent une forme plus familière à nos yeux de lecteurs du 21e siècle.

J’achève cet article par une dernière pensée pour Maurice Sautai, dont les écrits laissent entrevoir un homme érudit, passionnant et passionné, qui laissa sa vie à la tête de ses hommes sur un autre champ de bataille du nord-est. 

Juin 2021.

 

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