Team Yankee, de Harold Coyle

03.07.2022

Il y a un an ou deux, j’ai fait l’acquisition d’une règle d’un jeu de figurines nommé Team Yankee. Ce jeu permet de jouer à l’échelle tactique les combats d’une guerre qui n’eut jamais jamais lieu entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie (par ailleurs, il est intéressant d’observer la fortune ludique de ce conflit hypothétique). Dans le livret de règles se trouve les extraits d’un roman publié dans les années 1980 et qui donna son nom au jeu : Team Yankee, de Harold Coyle.

Naturellement intrigué et à la recherche d’une lecture légère, j’ai acquis et débuté il y a quelques jours la lecture de cet ouvrage (en anglais). Team Yankee, de Harold Coyle, appartient au genre des techno-thrillers. Il se caractérise donc par une multitude de détails techniques et tactiques. Au premier plan des auteurs de techno-thrillers se trouve Tom Clancy, écrivain prolifique, qui sur une idée similaire à Team Yankee nous a livré Tempête rouge.

L’action se place au niveau tactique : le lecteur suit en effet les combats la Team Yankee, une compagnie de chars américains plongée dans l’enfer de la Troisième Guerre mondiale. Le narrateur suit principalement le commandant d’unité de la Team Yankee, le capitaine Sean Bannon, mais s’intéresse ponctuellement à d’autres personnages, officiers, sous-officiers ou militaires du rang, parfois seulement le temps d’un paragraphe. Cette perspective s’est révélée très intéressante pour moi dans la mesure où j’ai moi-même été commandant d’unité d’une batterie d’artillerie. Le point de vue de Sean Bannon, individu placé à la tête d’un collectif qu’il commande, résonne donc particulièrement en moi. Si j’ai reconnu à plusieurs reprises les comportements intemporels et universels de soldats sur le terrain, d’autres ficelles se révèlent en revanche plus grosses. J’ai également regretté le traitement réservé aux Soviétiques, dont le point de vue est parfois inclus dans la narration. La plupart sans noms et caricaturaux, ils ne sont dans le roman que de la chair à canon fauchés indistinctement. Le livre rate ici la possibilité d’une approche plus globale, pouvant offrir plusieurs éléments de réflexion sur les regards croisés de deux camps ennemis.

Sur le plan tactique et technique, Team Yankee illustre bien le combat interarmes impliquants blindés, infanterie et artillerie sur le terrain. Les récits de combats, tout particulièrement du point des équipages de chars enfermés dans leurs tanks, sont particulièrement haletants. Je ne suis pas tankiste donc mon avis peut être contredit par un spécialiste mais j’ai toutefois le sentiment de combats assez statiques (à noter que les engagements sont clairement illustrés par des cartes tout au long du livre). De plus, on se lasse peu à peu de la succession de missions impossibles reçues par la Team Yankee, qui s’en tire toujours tout en détruisant dans le roman au moins l’équivalent d’un régiment à elle toute seule. Point intéressant évoqué par les personnages : les problématiques de stocks, au premier plan dans l’actualité de la guerre en Ukraine. Les combats sur un champ de bataille saturé de munitions et missiles antichars sont ravageurs pour les blindés. En quelques jours, le potentiel de combat des unités devient sérieusement entamé, voire nul.

Team Yankee, de Harold Coyle, n’est certes pas un objet littéraire éclatant et inoubliable. Fourmillant de détails techniques et tactiques, il n’est pas non plus le roman définitif sur la guerre. Mais c’est une lecture distrayante, légère qui offre à la fois au lecteur un bon moment mais également quelques pistes de questionnements sur le fait de romancer la technique et la tactique, et d’éventuellement enrichir la réflexion par la fiction.

Juillet 2022