Blocage tactique et analogie : courte réflexion

Lundi 29 janvier 2024, Michel Goya est venu à l’Ecole de Guerre-Terre livrer une réflexion sur le champ de bataille en 2040. J’ai pu l’écouter nous présenter son propos en direct et c’était passionnant. La réflexion qu’il m’a inspiré est une analogie (toutes proportions gardées et sans faire d’anachronisme) avec la guerre au XVIII^e siècle et la rupture des guerres révolutionnaires et impériales. La tendance actuelle semble être celle d’un blocage tactique sur le champ de bataille. Quelles seront les ruptures des 15 ans à venir ? Seront-elles technologiques ou structurelles ? Etc. Je l’ignore.

L’évocation du XVIII^e est intéressante pour réfléchir à un déblocage dont l’origine n’est pas technologique mais sociale et structurelle. La technologie évolue peu et consolide plus qu’elle ne bouleverse ce blocage. A Malplaquet et Austerlitz, on combat en rangs avec une arme à poudre noire bruyante, encombrante, peu précise. La pensée militaire est en plein bouillonnement et débat durant tout le siècle sur la manière d’équilibrer au mieux le feu et le mouvement. Le principe divisionnaire commence à se mettre en place dans l’armée royale française.

La situation se débloque à partir de la Révolution française. La rupture est d’abord sociale et associe une massification des armées à des changements structurels pensés depuis des années. Masse et mobilité se combinent sur et en dehors du champ de bataille. Durant presque 25 ans, sans rupture technologique majeure, les armées françaises dominent les champs de bataille européens. Ce qui est intéressant dans les comparaisons historiques, ce n’est pas tant la solution qui sera spécifique à un cadre espace-temps donné que le cheminement intellectuel ou les dynamiques du phénomène. A ce titre, le XVIII^e siècle est passionnant.

Pour rappel : proposition de liste de lectures sur l’Epoque moderne.