Le Sexe sous l’Empire, de Jacques-Olivier Boudon

Le titre annonce sans ambages le thème de l’ouvrage. Celui-ci pourrait apparaître trivial. Or, il n’en est rien. Le sexe (au sens large) est un élément du quotidien des Français vivant sous le Consulat et l’Empire. Cette courte période constitue un point de bascule : au tournant des XVIII^e et XIX^e siècles, entre la Révolution française et la Restauration, l’Empire voit coexister un raidissement des mœurs mais également une liberté sexuelle inconnue sous l’Ancien Régime. A cela s’ajoutent les vingt ans de guerre quasi-ininterrompue et les deux millions et demi de Français partis à la conquête de l’Europe. Ce livre de Jacques-Olivier Boudon nous dévoile l’histoire de la sexualité sous l’Empire, durant cette période où la France 

L’ouvrage s’intéresse à de nombreux aspects de la sexualité en France, débutant par l’Ancien Régime et la libération sexuelle (sur le plan moral comme sur le plan juridique) causée par la Révolution française avant de s’intéresser au mariage, à la masturbation, au sexe à l’armée, à la sexualité de Napoléon Bonaparte et de ses proches, aux violences sexuelles, à la prostitution, à l’homosexualité, à la littérature. Jacques-Olivier Boudon brosse large et nous livre un panorama assez complet de la sexualité, celle du peuple comme celle des élites, en France au début du XIX^esiècle. Expliquant dans son introduction s’appuyer sur des archives de sept départements tests, il illustre à chaque chapitre son idée par plusieurs cas concrets qui jettent une lumière crue sur des choses aussi variées que le mariage, l’infanticide ou le nomadisme sexuel des militaires. Le sujet est immanquablement tabou dans les mémoires ou correspondances des individus (à l’exception notable de Napoléon), nécessitant souvent de lire entre les lignes, que ce soit dans les écrits ou les archives juridiques. Difficile, voire même impossible, d’aborder certains sujets (comme l’homosexualité féminine) lorsque les sources évitent le sujet. La sexualité apparaît ainsi indissociable de son époque. Les guerres révolutionnaires et impériales s’accompagnent d’expériences amoureuses et de violences sexuelles à travers toute l’Europe, l’évolution monarchique du régime entraîne une répression accrue des comportements sexuels hors normes dès qu’ils s’expriment dans la sphère publique (l’Empereur intervenant à plusieurs reprises directement dans le règlement d’affaires). J’ai pour ma part trouvé passionnant ce traitement du sujet qui entraîne son lecteur dans l’intimité des grands comme celle des sphères plus humbles de la société.

Le Sexe sous l’Empire est le premier ouvrage de ce type que je lis. L’écriture fluide de Jacques-Olivier Boudon, l’emploi répétés de portraits afin d’illustrer son propos, la diversité des thèmes abordés font du Sexe sous l’Empire un livre agréable et plaisant à lire. (Deux jours à peine pour le terminer). Je ne regrette pas cette lecture diversifiant ma connaissance de l’époque. Au-delà des batailles, des destins étonnants, des accomplissements politiques, des œuvres artistiques légués par le Premier Empire, il y a cette part incontournable de la vie de tout être humain, quelque soit l’époque, faire l’amour et ses multiples ramifications sociales.

Décembre 2019.