Le Maréchal de Villars, l’infatigable bonheur, de Fadi El Hage

La Guerre de Succession d’Espagne, de Clément Oury fait circuler son lecteur à travers une galerie de généraux aux talents contrastés. Si le duc de Marlborough ou le prince Eugène ont marqué l’Histoire militaire de leur temps, d’autres sont à l’inverse connus pour leur incompétence notoire et définitive (le maréchal de Villeroy par exemple…). Parmi eux, le duc Louis-Hector de Villars, notamment connu pour les batailles de Malplaquet et Denain, se tient au premier rang des chefs militaires français. Spécialiste de l’Epoque moderne, auteur d’une thèse sur les maréchaux de France, Fadi El Hage est l’auteur d’une biographie, le Maréchal de Villars, l’infatigable bonheur, sur cet homme à la personnalité complexe, l’une des principales figures militaires de la France des années 1700.

Je mentionnais dans les premières lignes de cet article l’ouvrage de Clément Oury. Si le personnage de Marlborough s’avère être à mes yeux le plus intrigant, Villars n’est pas en reste. D’une avidité et d’une ambition peu communes, ce fils d’un ancien frondeur gravit peu à peu les échelons de la hiérarchie de l’armée royale. Pour un militaire tel que Villars, désireux de se hisser toujours plus haut, la Guerre de Succession d’Espagne est l’occasion de s’élever encore plus. Les opportunités sont multiples. Ainsi, dans son rapport au roi, Villars tourne astucieusement une bataille indécise en une brillante victoire et y gagne son bâton de maréchal. Il exploite grâce à une abondante correspondance avec madame de Maintenon, épouse de Louis XIV, son lien privilégié avec cette dernière. Fadi El Hage cerne avec justesse son sujet, notamment sa personnalité, loin d’être lisse. Orgueil, ambition, rapacité. Villars est un général talentueux à qui le maréchalat ne suffit pas. Malgré son prestige, il ne réalisera jamais son rêve de devenir un jour connétable de France. Sa blessure à Malplaquet constitue une autre pierre apportée à l’édifice psychologique du duc qui, ébranlé, ne montrera plus jamais la même ardeur au combat. Couvert d’honneurs, Villars achève sa vie victime de son prestige. Nommé commandant de l’armée d’Italie en 1733 à plus de 80 ans, il mène une épuisante et piteuse campagne. Il meurt sur le chemin du retour.

J’ai apprécié dans ce livre le traitement équilibré du personnage par Fadi El Hage. En 200 pages, son ouvrage, le Maréchal de Villars, l’infatigable bonheur, nous entraîne dans la vie d’un officier général français du Grand Siècle, à la fois courtisan et homme de guerre, insatiable dans sa quête des honneurs.

Septembre 2020.