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Éclectisme des goûts : lecture, Histoire, défense, wargame, Star Wars. Des choses à partager et faire découvrir au gré de l'inspiration.

The Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815, d’Andrew Uffindell

Lorsqu’il s’agit de livres en lien avec la bataille de Waterloo ou la campagne de Belgique de 1815 (34 à ce jour dans ma bibliothèque), je me sens tel Moloch avalant ses proies. Je me plais à lire et à analyser les récits et analyses de la plus brève des campagnes napoléoniennes, étudier les sources, comparer les conclusions des différents auteurs sur les zones d’ombres. Erigée au rang de bataille apocalyptique, Waterloo est l’arbre qui cache la forêt. En juin 1815, Napoléon remporte son ultime victoire à Ligny. Historien britannique auteur entre autres d’un guide des champs de bataille de 1815, Andrew Uffindell nous propose (en anglais) un ouvrage court et bien mené : The Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815.

Long d’environ 270 pages (bibliographie et index compris), The Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815 ne se focalise pas uniquement sur la bataille de Ligny mais déborde également sur les prémices de la campagne mais également ses suites (c’est-à-dire qu’il qu’il aborde également Waterloo). La durée très courte de la campagne, la simultanéité des combats (Ligny et Quatre-Bras se déroulent le même jour) impliquent des interactions et des liens de cause à effet très serrés entre les différents affrontements menés en Belgique. Considérée isolément, la bataille de Ligny perd son sens car son issue (et surtout la perception de son issue par l’Empereur) influe sur la décision de Napoléon et Wellington de s’affronter à Waterloo. Certain d’avoir détruit l’armée prussienne de Blücher à Ligny, Napoléon estime qu’il peut désormais attaquer en toute sérénité l’armée anglo-alliée. Rassuré par la promesse de Blücher de venir à son secours, Wellington décide de tenir sa position sur le plateau de Mont-Saint-Jean.

Le découpage de l’ouvrage débute par une présentation minutieuse des forces en présence, de leurs plans avant d’entrer dans le vif du sujet avec le déroulement des combats, de l’entrée en campagne jusqu’à Ligny, ainsi que les Quatre-Bras et Waterloo. Comme cela a été écrit plus haut, évoquer ces deux dernières batailles est incontournable dans la mesure où celle de Ligny leur est étroitement liée. La seconde partie est une analyse détaillée de la victoire napoléonienne (l’Empereur y démontre une nouvelle fois son formidable coup d’œil), mais également des pertes, des violents combats de rue, le tout ponctué par un guide du champ de bataille. Une série de cartes, tableaux et graphiques illustre tout au long du livre les plans et mouvements des armées, leurs compositions, les rapports de force. The Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815 est un ouvrage plaisant à lire (même si j’ai parfois été agacé par des comparaisons avec Rommel tombées de nulle part). L’anglais reste largement abordable.

J’ai été particulièrement intéressé par l’explication sur les pérégrinations entre Ligny et les Quatre-Bras du Ier Corps de Drouet d’Erlon donnée par Andrew Uffindell. Sur cette affaire (pris entre des ordres contradictoires, un corps d’armée entier erre inutilement sans participer à aucune bataille), Andrew Uffindell base son argumentation sur le 1815 d’Henry Houssaye. Historien réputé du 19e siècle, Houssaye a écrit un livre complet et passionnant sur les Cent-Jours mais son biais pro-napoléonien l’amène parfois à décharger l’Empereur de ses responsabilités, voire parfois à ne retenir que ce qui l’arrange des sources. Si Andrew Uffindell n’épargne pas Napoléon dans la désignation des responsables de la défaite finale, je reste circonspect sur l’explication donnée (mais faute de preuve inverse, celle-ci reste plausible).

The Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815 met également en lumière un acteur moins connu de la campagne de Belgique de 1815 : l’armée prussienne. Aux ordres d’un Blücher mu par sa francophobie, secondé par un excellent chef d’état-major, Gneisenau, l’armée prussienne démontre une puissante capacité de résilience. Si ses capacités de manœuvre sur le champ de bataille restent limitées, elle joue un rôle décisif dans la défaite de Napoléon grâce à la force morale de ses soldats et la détermination de ses chefs. Sous-estimée par Napoléon, l’armée prussienne se rétablit après sa défaite et débouche sur le flanc de l’Armée du Nord le 18 juin à Waterloo.

Andrew Field, dans son livre Grouchy’s Waterloo, abordait Ligny dans l’un de ses livres consacrés à la campagne de Belgique. Il se plaçait toutefois uniquement du côté français. Andrew Uffindell, quant à lui, propose au lecteur un récit plus complet. Pour un lecteur désireux de comprendre en une lecture les racines de Waterloo, the Eagle’s Last Triumph : Napoleon’s Victory at Ligny, June 1815 offre une approche claire et synthétique. Liberté d’action, bascule de l’initiative, friction, etc. : la campagne de Belgique de 1815 est une mine de réflexions et enseignements.

Décembre 2020.

 

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